Aussi loin que je me souvienne, je me rappelle avoir toujours entendu le même discours de mon entourage : « Travaille bien à l’école, et tu pourras avoir un bon travail et avoir une belle vie. »

Inconsciemment, j’ai grandi avec cette idée que le bonheur est étroitement lié à la réussite professionnelle.

Et puis, je me suis réveillé ces derniers temps, tentant d’analyser un peu mieux le monde qui nous entoure.

L’argent ne fait pas le bonheur

Franchement, si l’on compare, qui semble le plus heureux ? Le couple de petits employés (attention, il n’y a absolument rien de péjoratif dans ces propos) aux revenus modestes, qui à 60 ans passés se regarde toujours avec tendresse, et se fait une joie d’accueillir régulièrement ses enfants et petits enfants autour d’un bon repas, ou le médecin qui a tellement bien réussi sa carrière professionnelle qu’à 50 ans, il se retrouve seul, après un divorce, à vivre dans un petit appartement depuis que le domicile conjugal a été vendu, et qui connaît à peine ses enfants parce qu’il devait travailler pour leur payer de beaux jouets, puis de beaux vêtements, de belles vacances au ski, … A tellement travailler pour réussir, il a oublié de construire sa vie de famille. Alors que pour le couple toujours amoureux, certes ils ne roulent pas en grosse berline allemande, mais ils ont la plus grande richesse : l’amour de leurs proches.

Dernièrement, j’ai pu lire (désolé, je ne retrouve pas la source) qu’un enfant se souvient plus des moments vécus que des cadeaux reçus. Et sur ce point, je suis totalement d’accord. Je suis aujourd’hui heureux papa de 2 petites filles, et je constate au quotidien que l’aînée se souvient parfaitement des moments partagés avec ma femme et moi, avec ses grands-parents, avec sa maraine, … Mais jamais elle ne me parle de tel ou tel jouet avec lequel elle a un jour joué. Ses souvenirs se construisent autour des personnes, pas des objets. 

Comment réussir sa vie ?

Je me souviens d’un célèbre publicitaire qui expliquait qu’à 50 ans, si on n’a pas de Rolex, on a râté sa vie.

J’avoue avoir été d’accord avec cette citation à une époque. Mais en creusant un peu, je me rends compte qu’elle peut être éloignée de la réalité.

Si je devais me baser sur ce discours, je serais à la fois rassuré en me disant qu’il me reste une dizaine d’années pour accéder au signe de reconnaissance, qui reste toutefois accessible (après tout, les premiers prix commencent à partir de 3600€, ce qui ne représente « que » 30€ par mois sur 10 ans – j’économise plus de 150€ par mois en ayant arrêté de fumer), et à la fois stressé en me disant que depuis 15 ans, je n’ai pas encore été capable d’accéder à ce graal…

Mais dans ce discours, il y a quelque chose qui me gêne. Je pense qu’il faudrait plutôt dire qu’on a râté sa vie professionnelle. En soi, ne pas avoir de Rolex ne m’empêche pas d’avoir autour de moi des personnes qui m’aiment et me soutiennent, pour ma personne et non pour ma montre. Il y a donc un véritable fossé entre la vie professionnelle et la vie personnelle, sauf si l’on considère que l’on ne peut exister qu’au travers d’un statut social.

Par ailleurs, on peut encore creuser un peu plus le sujet, en considérant qu’une réussite professionnelle n’est pas forcément synonyme de valeur monétaire. Il existe en effet de très belles réussites professionnelles, où la personne cherche avant tout à s’accomplir, à produire plus qu’un simple travail. Pour ma part, je considère que la réussite professionnelle passe avant tout par la fierté que l’on retire de la tâche réalisée. On peut prendre l’exemple de l’éducateur qui a réussi à faire évoluer des enfants, à un médecin ou un pompier qui a réussi à sauver des personnes, … Bref, pour réussir sa vie professionnelle, il faut avant tout que celle-ci nous plaise, pour qu’on s’y investisse.

Mais il reste essentiel que la vie professionnelle ne soit pas trop chronophage, pour qu’elle puisse permettre à l’individu de s’épanouir, sans dégrader ses autres vies parallèles (vie familiale, vie associative, …). Sur ce point, il me semble préférable de privilégier l’être au paraître.

Comment faire pour travailler moins ?

Travailler moins peut paraître compliqué. En effet, il faut bien subvenir à ses besoins. Et le travail est là pour assurer l’équilibre du budget. Il faut que les ressources du foyer couvrent les dépenses. En partant de ce constant, il n’y a que 2 hypothèses envisageables :

– La première hypothèse consiste à changer de travail pour obtenir un meilleur rapport salaire/temps. Ou plus concrètement, un meilleur taux horaire. Par exemple, si vous travaillez actuellement à temps plein pour 10€ de l’heure, vous percevez approximativement 1500€ par mois (base 150h / mois). Si vous trouvez un travail rémunéré 15€ de l’heure, vous pourrez vous contenter de ne travailler que 100h par mois pour conserver le même train de vie. Attention toutefois, souvent l’augmentation du taux horaire s’accompagne d’une augmentation des responsabilités, et donc du stress. Il est peut être peu judicieux de travailler moins en présentiel, pour être plus soucieux lorsqu’on est en famille…

– La seconde option est selon moi la plus judicieuse, et consiste à revoir sa manière de consommer. Aujourd’hui, beaucoup considèrent que pour être heureux, il faut une grande maison, une belle voiture, partir loin en vacances plusieurs fois par an, disposer de la dernière technologie. Et d’autres à côté de cela, ont fait le pari de revenir à l’essentiel : cultiver son potager, construire soi-même son habitat, utiliser les ressources naturelles de manière raisonnée, … Le résultat : de substancielles économies. A tel point que certains parviennent à vivre à 6 personnes avec un demi-salaire !!! Bref, si l’on revient à l’essentiel, on se rend vite compte qu’il n’est pas nécessaire de gagner 5000€ par mois pour vivre correctement.